Un garçon de 12 ans, réfugié d’une région rurale d’Afrique centrale et arrivé au Canada 1 mois auparavant, s’est présenté au service des urgences avec une hématurie et une dysurie perdurant depuis 2 mois. Une analyse d’urine présentait une numération de 51 à 100 érythrocytes par champ à fort grossissement et la culture urinaire était négative. L’échographie des reins et de la vessie a révélé 3 lésions de 1 cm dépassant de la paroi de la vessie (figure 1A). L’analyse sérique permettant de détecter les espèces du genre Schistosoma était équivoque, mais l’analyse urinaire montrait la présence d’œufs non viables appartenant à Schistosoma haematobium. Afin d’exclure une néoplasie vésicale, nous avons procédé à une cystoscopie et à la résection transurétrale de 2 masses érythémateuses d’apparences solides (figure 1B). L’analyse histologique a révélé la présence de cystites calcifiées surjacentes à la schistosomiase. On a administré au patient 2 doses de praziquantel (20 mg/kg/dose) en une seule journée. Quatorze mois après l’intervention chirurgicale, il était pleinement rétabli.
La schistosomiase touche environ 200 millions de personnes à travers le monde, plus fréquemment en Afrique subsaharienne, mais aussi en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est1. On trouve surtout les espèces du genre Schistosoma en eau douce où les escargots agissent à titre d’hôtes intermédiaires2. Les communautés rurales et défavorisées sont à risque; les enfants sont particulièrement vulnérables à l’infection lorsqu’ils jouent dans des eaux contaminées aux cercaires, la forme du parasite évoluant en eau libre, qui peuvent pénétrer le tissu cutané humain1,2.
Les causes les plus fréquentes d’hématurie persistante chez les enfants comprennent une infection des voies urinaires, une néphrite aiguë et une urolithiase. La schistosomiase urinaire devrait être envisagée chez les patients provenant de régions où la maladie est endémique. On diagnostique la maladie par l’identification d’œufs de vers plats à l’examen des excrétions de l’hôte (urine avec présence de S. haematobium)1. La réponse immunitaire associée à l’infection aiguë mène généralement à l’éosinophilie, mais ce ne fut pas le cas pour notre patient1. La cystoscopie révèle habituellement des lésions hémorragiques ressemblant à des granulomes d’aspect sablonneux dans la muqueuse de la vessie3,4. La praziquantel est la pierre angulaire du traitement1.
Lorsque la maladie perdure, elle est associée à la présence de pierres et de fibroses de la vessie, d’hydronéphrose obstructive et d’inflammation chronique, lesquelles peuvent mener à un carcinome épidermoïde1.
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Footnotes
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Les auteurs ont obtenu le consentement de la personne désignée accompagnant le jeune patient.
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