Un homme de 73 ans a consulté dans une clinique de chirurgie buccale et maxillo-faciale pour une lésion de couleur noire et gris-bleu (d’environ 20 mm sur 10 mm) sur la gencive du maxillaire. La lésion était asymétrique, et avait des rebords irréguliers, sans encoches, érosion, ni induration (figure 1A). Elle était située au-dessus d’une dent de porcelaine cuite sur une armature de métal posée environ 40 ans auparavant. Étant donné l’absence de symptômes, on ignore à quel moment la lésion s’est installée. Notre diagnostic différentiel incluait tatouage d’amalgame, nævus, macule mélanocytaire, mélanoacanthome et pigmentation physiologique.
Nous avons fait une biopsie de la lésion et l’analyse histologique a révélé la présence de nombreux granules noirs dans les tissus conjonctifs (figure 1B). L’immunocoloration s’est révélée négative à l’égard de l’HMB-45. Nous avons donc diagnostiqué un tatouage d’amalgame.
Le tatouage d’amalgame figure parmi les lésions pigmentaires les plus communes de la muqueuse buccale. Dans les prothèses antérieures de résine ou de céramique, on utilise des alliages pour la consolidation et l’ancrage des dents artificielles et pour améliorer leur résistance. Les alliages dentaires sont principalement composés d’or, de palladium, d’argent et de cuivre. Les prothèses à amalgames et à alliages à base d’argent libèrent parfois ce métal dans l’environnement buccal. Des molécules d’argent solubles peuvent migrer et se déposer dans les tissus mous, ce qui engendre des lésions chroniques, asymptomatiques et persistantes qui grossissent parfois. Peu importe le type de lésion gingivale pigmentée, il faut d’abord écarter le diagnostic de mélanome. Le mélanome de la muqueuse buccale est rare, mais son pronostic est sombre (survie de 33 % à 5 ans)1. Il se manifeste par des lésions noires, grises ou de violet à rouge, et rarement par des lésions amélanocytaires avec une pigmentation irrégulière; les lésions sont habituellement asymétriques, leurs rebords sont irréguliers et se forment principalement sur le palais dur et la gencive1. Elles peuvent ressembler au tatouage d’amalgame. L’imagerie hyperspectrale est un outil diagnostique qui gagne en popularité pour distinguer le tatouage d’amalgame des autres lésions pigmentaires2. Même si les tatouages d’amalgame ne requièrent aucun traitement, une ablation chirurgicale peut être effectuée à des fins esthétiques. L’ablation à l’aide d’un laser à grenat d’yttrium et d’aluminium dopé à l’erbium est moins effractive et plus simple que l’exérèse avec greffe de gencive libre; elle abrège le temps opératoire et réduit la douleur postopératoire3.
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Footnotes
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